ゴンクール兄弟とその時代 III : シャルル・グノーの場合
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概要
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Un Jour, la princesse Mathilde accuse Edmond de Goncourt d'avoir traite un de ses favoris, l'artiste Charles Gounod, comme un ≪pur ane≫. L'expression etant de Theophile Gautier, dont il avait rapporte dans son Journal les propos concernant la musique lrancaise de l'epoque, Edmond riposte qu'il a seulement voulu enregistrer la beaute et l'enormite du paradoxe lance par le poete et que le mot incrimine ne represente en aucune facon un jugement que le critique porterait sur le musicien. L'argument n'est guere convaincant. On sent plutot une jalousie inconsciente de la part de l'ecrivain a l'egard du musicien qui, respirant l'air du temps, anticipe l'avenir et appelle tres facilement les hommes a la nouveaute. Mais qui est ce Gounod? Un compositeur qui a mis en musique des poemes de Gautier... Edmond et Jules avaient avoue ne rien comprendre a la musique. Ils ne sont meme pas alles a la representation du ≪Faust≫ de Gounod. D'ailleurs, pourquoi cet opera a-t-il rapidement perdu de sa popularite? Peut-etre parce que le brillant ou le petillement ne sont pas de sa nature, quoique cette qualite de l'oeuver meme convienne bien au sens de la fete que possede le Second Empire. Quels sont chez Charles Gounod les traits typiquement francais? Intensite reduite, mais finissage minutieux, temoignant d'une remarquable conscience artisanale, coloration raffinee, clarte, moderation et equilibre. Il en resulte un charme tres particulier, irresistible. Si l'elegance et la serenite des melodies de Gounod ont toujours aisement louche le coeur des Japonais, il faut reconnaitre que les Francais n'ont pas tarde a s'en detourner, cedant a la gaite d'Offenbach et seduit par la somptuosite de Wagner. Le caractere de Gounod semblait plein de contradictions. Fils d'un peintre assez celebre, il aurait suivi la meme voie, si son pere n'etait pas mort prematurement. Le voila donc eleve, avec son frere, par une mere qui, bonne musicienne, vivait de ses lecons de piano. Avec un visage plutot avenant, le jeune Gounod reve de mener la vie passionnee d'un homme celebre, tout en aspirant a la reclusion monastique. L'amour sacre et l'amour profane susciteront en lui des oscillations ou des tiraillements qui, d'ailleurs, conditionneront son comportement et son oeuvre. En etudiant Saint Augustin, il est toujours pret a composer un opera d'apres un livret des plus frivoles, pour peu que le succes en soil assure. Peignant une miniature a sujet religieux, il n'hesite pas a composer une musique assez tapageuse. Les artistes de ce genre, dit-on, sombrent facilement dans un etat de nevrose, entretenu par la surabondance de talents, et cultivent souvent des sentiments d'echec. En effet, meme apres avoir reussi a se faire un nom, Gounod est deux ou trois fois hospitalise a la clinique du docteur Blanche. Tracasse malgre lui par la jalousie et la mefiance, il se montre souvent peu digne de confiance. Il est parfois un ami douteux. Son petit air d'idealiste candide n'exclut pas une hypocrisie propre a eveiller les soupcons. Apres avoir longtemps reconforte Bizet, il manifeste brusquement a son egard une froideur remarquable, une fois que celui qu'il traitait comme un disciple s'est epanoui avec ses ≪Pecheurs de perles≫ et sa ≪Carmen≫. Pour gagner a tout prix l'estime ou l'amour, il prodigue les compliments et les services, multiplie les gestes affectes, meme aupres de ses nouvelles connaissances. Son grand respect pour ce qui est chaste ne l'empeche pas d'approcher de belles et tres jeunes personnes, mais sans depasser, semble-t-il, le stade du desir. Il se conduit en ingenu devant les femmes, surtout devant le dominatrices, lesquelles finissent par comprendre que cet homme docile, qu'elles protegent en quelque sorte sous leurs jupons, pourrait un jour se rebiffer jusqu'a leur donner un coup mortel. Apres l'avoir aide et dirige au cours d'une partie de sa vie, Pauline Viardot et Georgina Weldon, toutes deux cantatrices, seront meurtries et rejetees par lui. La premiere femme qui compte pour lui est naturellement sa mere, Victoire. Elle lui a appris la langue musicale avant qu'il ait su prononcer un mot, ≪en lui faisant avaler autant de musique que de lait. Jamais elle ne l'allaitait sans chanter.≫ C'est a elle qu'il doit les deux grandes emotions de son enfance: ≪Otello≫ et ≪Don Juan≫. Elle consultera toujours les meilleurs maitres pour l'avenir de son fils, qui lui avail demande l'autorisation de se consacrer definitivement a la musique. Elle avait travaille dur: levee chaque matin a cinq heures pour attendre son premier eldve de piano et prenant pour tout repas du pain sec avec du vin coupe d'eau, elle donnait ses lemons jusqu'au soir. Persuadee que son fils avait une vocation beaucoup plus marquee pour le metier de musicien que pour le sacerdoce, elle l'y avait encourage en lui cherchant parfois meme un emploi. C'est ensuite, a Rome, Fannie Mendelssohn, accompagnee de son mari, le peintre Hensel. Devenue la commensale de la villa de Medicis, ou son talent et son esprit fascinent les jeunes pensionnaires tels que Gounod, elle y joue le ≪Capricio≫ de son frere Felix et les senates de Beethoven, alors peu connues en France. Son interpretation ≪le trouble et le rend fou d'enthousiasme.≫ disait-elle. ≪La revelation de la musique allemande produit sur lui l'effet d'une bombe qui tombe dans une maison.≫ Madame Gounod, Anna, est souvent mal traitee par l'entourage du compositeur, surtout par ces dames eminentes. C'est une femme ordinaire, attendant toujours patiemment le retour de son mari. Vint ensuite la Miolan-Carvalho, interprete prestigieuse de presque tous les roles-titres des operas de Gounod. Habile a s'immiscer dans le travail du compositeur, de maniere a lui faire donner toute sa mesure, n'a-t-elle pas a son actif d'avoir ainsi favorise le succes, entre autres, de ≪Faust≫? Quant a Pauline Viardot, qui etait alors la maitresse de Tourgueneff, elle ouvrit a Gounod le chemin du theatre. Aussi charmante que douee d'une autorite magistrale, elle le presenta au directeur de l'Opera et l'installa dans une propriete qu'elle possedait en Brie, pour lui permettre d'ecrire son premier opera, ≪Sapho≫, dont elle incarnerait l'heroine. Meme le mari se montrait serviable et l'ecrivain russe plutot sympathique. L'oeuvre une fois creee, le desacord se fit jour, le conflit eclata entre le compositeur et sa muse, lorsqu'il decida, a l'age de trente ans, d'epouser une fille de son ancien maitre. Il s'ensuivit d'inenarrables demeles. Enfin, Georgina Weldon, Anglaise a la luxuriante chevelure blonde, en qui ≪se joint a l'aspect agreable et feminin je ne sais quoi de passionne et de vindicatif.≫ Gounod s'etant refugie a Londres pendant la guerre franco-allemande, elle avait resolu de londer un orphelinat ou elle enseignerait la musique. Gounod en devint l'illustre president et passa trois ans chez elle, a Tavistock House, demeure que louait le pitoyable mari, aux ordres de cette artiste estimable doublee d'une femme d'affaires ensorceleuse. L'insatiable egerie fera de l'argent, dit-on, avec la genie et la gloire de son ≪old man≫: Tavistock House servit de cadre aux brillantes manifestations musicales de Londres. On a peine a raconter la triste suite des evenements, mais il est permis de considerer que Charles Gounod a vecu la ses annees les plus remplies et les plus heureuses. Quand il la quitte definitivement, elle lui intente un proces en reclamant un dedommagement! Elle l'a eperdument aime et soigne de tout son coeur, il l'a adoree un temps. Elle note ceci dans son journal, vers la fin de sa vie: ≪Old man gone and I fast going...≫
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