文芸・文学・文学史 : 文学概念の歴史性(研究論文)
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概要
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La question: ≪qu'est-ce que la litterature?≫ est tenue pour une sotte question que l'on ne pose plus. Apparemment essentialiste, elle est en effet de peu d'interet, sauf si elle invite a interroger l'etre de la litterature dans son historicite. Le terme ≪litterature≫ n'a acquis l'acception actuelle qu'a une epoque assez tardive, et la notion de ≪litterature≫ ne releve pas de l'eternite. Le changement du vocable - des belles-lettres a la litterature - nous fournit un cadre d'interrogation, sans pourtant couvrir l'etendue de tout le probleme. L'historicite de la litterature ne se profile que si l'on voit entre belles-lettres et litterature moins une relation de continuite que celle de rupture. Les belles-lettres etaient constamment encadrees par la rhetorique, qui, bien au-dela du classement des ≪figures≫, ne representait rien de moins qu'une vision du monde: l'elocutio, sphere du sensible, y sert toujours l'inventio, qui est un ordre de l'intelligible charge de maitriser le sensible. Dans la litterature, qui defie la rhetorique, les mots cherchent leur propre gloire sans se devouer au sujet fixe par l'inventio. C'est cette rupture qui ouvre la voie a l'histoire litteraire. Celle-ci a ete rendue possible par la liberation de l'art d'ecrire de la normativite rhetoricienne. Et c'est paradoxalement cette rupture qui a permis d'assurer la continuite litteraire englobant belles-lettres et litterature. Cette operation retrospective a, en reaction, incite certains chercheurs a ecrire une autre histoire litteraire, celle qui suppose la perennite de la tradition rhetoricienne sous-tendant toute la litterature. Ces deux demarches procedant en sens inverse ne sont pas sans rapport avec les dissentiments ideologiques qui se manifestent dans l'interpretation de la societe post-revolutionnaire.
- 2006-07-31