ぼくはナポレオンを見た

概要

論文の詳細を見る
Au temps de Napoleon, il y a deux siecles a peine, comme on ne disposait d'aucun des media puissants de notre epoque (photo, video, television, etc), on ne pouvait connaitre la physionomie veritable de cet illustre heros qu'en l'approchant de tout pres. L'imagerie populaire repandue n'offrait de lui que des portraits assez peu fideles. Considerez comme Hegel et Goethe sont emus et enchantes d'une rencontre inattendue avec l'Empereur. C'est dans la premiere moitie du XIX^e siecle, quand la locomotive a largement facilite le deplacement general, qu'au desir du regard, essentiel a tout savoir humain, s'offre la possibilite d'un acces direct aux objets lointains. Il a fallu que l'imagination abstraite des poetes romantiques cede a la verite positivement observee dans la realite. Beaucoup d'auteurs, en decrivant des scenes du passe, utilisent alors le principe du temoignage direct ≪de mes yeux vu≫, comme une arme privilegiee qui assure le, vraisemblable, et cela dans divers genres litteraires: poesie, roman, recit de voyage, memoire, etc. L'examen des discours du type ≪je vis Napoleon dans mon enfance≫ chez quatre ecrivains: Hugo, Dumas, Sainte-Beuve et Nerval, ces enfants du siecle, ≪fils de l'Empire et petits-fils de la Revolution≫, selon l'expression de Musset, confirme l'importance primordiale qu'on accordait a la vue. Il faut remarquer cependant l'ambiguite commune a tous ces recits (celui de Sainte-Beuve excepte): on ne saurait affirmer l'authenticite des faits racontes. Il nous semble que chacun de ces auteurs cherche, en declarant avoir vu Napoleon, a inscrire par ce signe la generation heroique qui etait la sienne dans le glorieux tableau de l'Histoire, domine par le seul Geant dont l'apotheose mythique sera atteste en 1840 par la solennite du Retour des Cendres. Stendhal, lui, bon fonctionnaire du regime imperial jusqu'a la chute de Napoleon, eut sans aucun doute l'occasion de voir cet homme plus d'une fois. Son journal de 1804 en temoigne, mais en ce temps-la le jeune republicain qu'il etaitse montre hostile au tyran qui volait la liberte a la France. Son enthousiasme pour Napoleon s'enflamme plus tard, avec sa colere centre le regime meprisable de la Restauration, et en meme temps centre la mode des mensonges litteraires. ≪L'art de mentir a fait de rudes progres depuis quelques annees≫, ecrit-il en 1837 dans la preface de sa Vie de Napoleon, ouvrage d'apologie napoleonienne qu'il a laisse inacheve. Lui qui desire etre simplement vrai, sans emphase ni hypocrisie, en faisant de son heros Fabrice un fervent bonapartiste, refuse a ce dernier la joie de voir clairement la figure de l'Empereur, qui passe tout pres au milieu de la bataille de Waterloo. Ce que Fabrice voit alors, par centre, ne lui donne qu'une amere deception. Voila la conclusion paradoxale mais sincere d'un romancier qui avait reellement vu Napoleon.
1998-03-09

ぼくはナポレオンを見た

スポンサーリンク

概要

論文 | ランダム

スポンサーリンク